samedi 31 mars 2012

L'ascendance de Siméon et de son épouse Claude Deschalets.

Tout d’abord, l'ascendance de Siméon...

Les actes de baptême et de mariage de Siméon nous apprennent le nom de ses parents : Richard Leroy et Gillette Jacquet, guère plus. Il est cependant logique de croire que Jacques Leroy serait son oncle, selon la mention faite à l'acte de baptême (voir chronique du 22 octobre 2011 pour la transcription de l'acte de baptême et celle du 19 janvier 2012 pour l'acte de mariage).

La gare de Saint-Lô en 1944.
On se rappellera que l'acte de baptême que nous avons retrouvé n'est, en fait qu'une transcription de l'original, transcription faite par Archange Godbout, le fondateur de la Société de Généalogie Canadienne Française. La transcription en question a été faite avant 1939. L'absence de beaucoup d'autres documents concernant directement Siméon et sa famille nous porte à croire que beaucoup de ces documents ont été détruits au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cette région de la France subi de lourds bombar-dements en Juin 1944, en prévision du débarquement.

Récemment un descendant direct de Siméon m'a contacté, via Internet, concernant justement l'ascendance de Siméon. Il s'agit de M. Richard Leroy, de l'État d'Ohio aux États-Unis. Ce dernier, conjointement avec un autre descendant, a mandaté une généalogiste française pour effectuer des recherches sur la famille de notre ancêtre. M. Leroy m'a gracieusement fourni une copie de la correspondance et des documents qui lui ont été transmis par la généalogiste. Le paragraphe qui suit se veut donc un résumé des résultats de ces recherches.

De nombreux documents mettent en évidence la présence de plusieurs familles Leroy dans la région de Créances, Coutances, Lessay et Saint-Lô, et ce, à partir de 1522, date à laquelle un « Leroy » achète une propriété. Ces trois communes de France sont toutes localisées dans le département de la Manche et distantes l'une de l'autre de quelques kilomètres.

Un marais salant.
Par la suite, les documents notariés consultés font mention de plusieurs transactions immobilières impliquant des Leroy. À la consultation de ces documents, on se rend compte que la famille Leroy est impliquée dans l'exploitation des marais salants omniprésents dans la région. Il faut garder à l'esprit qu'à cette époque, le sel faisait l'objet d'un monopole royal. Il était entreposé dans des greniers à sel où la population ne pouvait l'acheter qu'en petite quantité et qu'en payant une taxe importante qui servait à enrichir le trésor royal. La taxe en question s'appelait la « gabelle » et représentait à l'époque une somme considérable, évaluée à 6 % des revenus royaux.

Malheureusement, on en apprend guère plus sur l'ascendance de Siméon. Par contre, ces renseignements viennent corroborer les informations présentées dans une chronique précédente (22 octobre 2011).


Ensuite, l'ascendance de son épouse, Claude Deschalets

Toutes les informations contenues dans cette section proviennent du Programme de Recherche sur l'Émigration des Français En Nouvelle-France (PREFEN) de l'Université de Caen, en France, et disponibles sur la toile.

Au XVIIème siècle, il existait plusieurs variantes du patronyme « Deschalets », à savoir : Deschalas, Dechala, Deschallas, Eschallas, Échalas ou D'Eschallas. Il faut se rappeler qu'à cette époque, l'orthographe était plutôt approximative.

Le grand-père de Claude, Noël Deschallas, est originaire du département de Seine et Marne, département situé près de l'agglomération parisienne. Le 19 mai 1593, Noël signe un contrat de mariage avec Georgette Falcon, à Fontenay-le-Comte en Vendée, où ils ont eu leurs deux enfants, tous deux baptisés à l'église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte. L'un, François, le père de Claude, fut baptisé le 21 avril 1594 et le second, Jacques, le 22 mai 1596.

On peut donc conclure qu'il est tout à fait probable que Georgette Falcon, l'épouse de Noël soit originaire de Fontenay-le-Comte en Vendée et que la famille s'y soit établie.

Église Notre-Dame à
Fontenay-le-Comte.

François a épousé Renée Bran avant le 13 août 1618, date de naissance de Jean, leur premier enfant. Renée était la fille naturelle de Savary Bran et de sa servante Suzanne Denis. Le mariage a été célébré à Fontenay-le-Comte. François et Renée ont eu six enfants, tous baptisés à Fontenay-le-Comte : Jean, Noël, Marie, Jacques, Claude et Jeanne.

Quatre ans après le décès de Renée Bran, sa première épouse, François se remarie avec Jacquette Chevallereau, le 1 décembre 1642, toujours à l'église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte. C'est son frère Jacques qui lui sert alors de témoin.

François et Jacquette ont eu quatre enfants : Élisabeth, Claude, Madeleine et Pierre. Les trois premiers ont été baptisés à l'église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte. Aucune information n'a été trouvée en ce qui concerne le baptême du quatrième enfant.

Signature de François Descallas.

François a exercé les métiers de maître-vitrier et de peintre, toujours à Fontenay-le-Comte et dans les environs et il sait signer. Plusieurs contrats notariés font une référence directe à la profession de François. Ainsi, le 27 septembre 1624, devant le notaire Jean Robert, le « noble homme Pierre Cornuau doit payer 71 livres à François Deschallas, peintre et vitrier, pour avoir fourni un coffre de plomb et un de bois, et un autre petit pour la sépulture du corps du... haut et puissant Sieur Pierre Arnault et aussi pour les armoiries fournies à ses obsèques ».

Une autre mention : « Sur la demande de Pierre Dubois, conseiller du roi, François Deschallas s'est obligé d'entretenir et de réparer les vitres et les vitraux de l'église N-D qui se sont rompues, moyennant le prix de 12 livres par an et 36 livres pour la réparation ».

Signature de Jacques Deschallas.

Quant à son frère Jacques, il fut également maître-vitrier et il sait aussi signer.

François est décédé à l'age de 69 ans et il a été enterré le 1 mars 1663, à Fontenay-le-Comte.


Les trois sœurs Deschalets

François et Jacquette Chevallereau sont décédés respectivement en 1663 et en 1662. Lors de leur arrivée en Nouvelle-France, les sœurs Deschalets étaient donc toutes trois orphelines.

L'aînée, Élisabeth, serait née entre 1643 et 1645 à Fontenay-le-Comte. Elle s'est mariée le 26 novembre 1668 à Notre-Dame de Québec. Elle s'était auparavant engagée par contrat de mariage avec François Paris. Siméon a contresigné le contrat en question. Élisabeth a eu six enfants et il apparaît probable qu'elle soit retournée en France avec sa famille.

Quant à Claude, l'épouse de Siméon, elle a été baptisée le 22 août 1645. Son acte de baptême (voir Annexe 1) mentionne que le parrain fut « noble homme Jacques Robin » alors que la marraine fut « Demoiselle Claude du Boulay ». La tradition consistant à donner au nouveau-né le prénom du parrain ou de la marraine encore présente aujourd’hui ne date pas d'hier.

Finalement, Madeleine a été baptisée le 28 août 1647. Arrivée en Nouvelle-France en même temps que ses deux sœurs, elle épousa Jean Giron, un tailleur d'habits, le 3 septembre 1668 à Notre-Dame de Québec.


Claude et Madeleine Deschalets, des femmes de caractère

Le 11 mars 1669, Claude et Madeleine Deschalets ont toutes deux comparu devant le Conseil Souverain de la Nouvelle-France. le Conseil Souverain exerçait son autorité sur les questions administratives, criminelles, judiciaires et civiles de la Nouvelle-France. Dans les faits, il s'agit d'un tribunal de justice de haute instance.

Les deux sœurs Deschalets y sont accusées « d’avoir profere des injures atroces contre l’honneur de Françoise Leclerc et de s’etre portees a des voies de fait sur la dite Leclerc ». (Voir note sur le français de l'époque) Voilà pour l'acte d'accusation.

Françoise Leclerc est une fille du roi qui a fait la traversée avec Claude et Madeleine.

On se souviendra également que Françoise Leclerc a épousé Michel Riffau, le 27 août 1668, à l'église Notre-Dame de Québec et que Siméon et Jean Giron, les époux des deux accusées ont servi de témoins lors de ce mariage. Qui plus est, le 3 septembre 1668, une semaine plus tard, c'est au tour de Michel Riffau de servir de témoin au mariage de Claude et de Siméon. Il semblerait donc, que, même à cette époque les amitiés se défaisaient aussi vite qu'elles se créaient.

Elles ont toutes deux été condamnées à faire amende honorable en présence « du dict Riffau et de sa femme et de trois ou quatre personnes qu'ils voudront mander ». Elles devront alors « recognoistre que temerairement, malicieusement et faucement Elle ont accusé la dicte femme d'auoir eu et deffaict (se débarrasser) vn enfant dans le Navire en venant en ce païs et l'ont appelé putain ». Elles devront également « luy en demande pardon et declarer qu'elle la recognnoissent pour femme de bien et d’honneur et non entachee du dict faict et injure ».

Les sœurs Deschalets ont donc été obligées de faire amende honorable, mais en plus, elles ont été condamnées « solidairement a payer aus dicts Riffau et sa femme deux minots de bled (blé) pour leurs dommages et interests et vn minot de bled d'amende aplicable aux pauves de l'hospital de cette ville Au payment desquels dommages et interests et amende elles seront contrainctes par toute voye Mesme par corps Et aux despens liquidez à trois liures quinze sols y compris l'expedition des presentes leur a faict et faict tres expresses deffenses de recidiuer apeine de punition corporelle ».

À la lecture du jugement, il apparaît évident que le Conseil Souverain n'a pas pris la chose à la légère, bien au contraire. En effet, les sœurs Deschalets ont été condamnées à :

1- faire amende honorable devant Michel Riffau, sa femme Françoise Leclerc et
quelques personnes;
2- acquitter une amende en nature aux plaignants (deux minots de blé) et aux pauvres
(un minot de blé);
3- payer une amende en argent sonnant (trois livres et 15 sols).

De plus, Claude et Madeleine ont été clairement avisées qu'en cas de récidive, elles s'exposeraient à des peines corporelles.


Remerciements

Je tiens à remercier M. Richard Leroy, un descendant de Siméon pour la documentation qu'il m'a fait parvenir, Mme Josée Tétreault de la Société de Généalogie Canadienne Française pour son aide dans la transcription de l'acte de baptême de Claude Deschalets et enfin Mme Lise Gascon qui a révisé le texte.


Deux remarques sur le français écrit du XVIIème siècle

-La ponctuation de même que les accents étaient à toutes fins utiles inexistants. On se contentait d'indiquer le début d'une nouvelle phrase simplement par une majuscule.
-Les lettres «u» et «v» sont confondues l'une pour l'autre. Il en est de même pour les «i» et «y».

Annexe 1 – Acte de baptême de Claude Deschalets (ou Deschallas)


                                                Le vingt deuxieme jour daoust
                                               1645 fut baptizee Claude fille legitime de
                                                francois deschalas et de Jacquette Chevalereau
                                                fut parrin noble homme Jacques Robin
                                                sieur de la fond et marrene demoizelle
                                                Claude du boulay
                                                        Jacques Robin (paraphe)
                                                        Claude du boullay (paraphe)
                                                        R. Aubert (paraphe) vicaire

Références

Les données sur la famille Deschalets proviennent toutes du site du PREFEN, voir: http://www.unicaen.fr/mrsh/prefen/

Le jugement du Conseil Souverain a été trouvé sur le site Ancestry.ca

Les figures, à l'exception des extraits des documents originaux, proviennent de Wikipedia.




jeudi 19 janvier 2012

Séjour en Nouvelle-France (deuxième partie)

Dans le but d’alléger le texte, les documents sources n’y sont identifiés que par la première lettre du nom de l’auteur, alors que la référence complète est donnée à la fin de la chronique.

Mission accomplie: la paix règne

Colbert en 1666 (Wikipedia)
Peu de temps après le retour des troupes des deux expéditions dont il fut mention dans la chronique précédente, les officiers supérieurs étaient bien conscients que la troupe serait rappelée sous peu en France. En effet, dès le mois de novembre 1666, autant l’Intendant Talon que le Gouverneur Courcelles font pression auprès des soldats pour qu’ils demeurent en Nouvelle-France. On offre même une prime de 100 livres aux soldats qui décideraient de s’établir dans la colonie (L2).

C’est en juillet 1667 que la paix fut enfin établie avec la nation Iroquoise et ce, à la demande même des tribus Agniers et Onneyouts qui, en signe de bonne foi, libèrent les otages qu’ils avaient capturés. (L1) La colonie jouira alors d’une paix relativement stable qui durera 17 ans. Cette paix sera finalement rompue par le comportement des gouverneurs subséquents, avides de faire fortune en Nouvelle-France. 

Sept mois plus tard, le 20 février 1668, « le roi ordonne le retour du régiment Carignan en France. Il laissera cependant quatre compagnies qui serviront à la défense de la colonie » (A). Ce sera finalement le 14 octobre 1668 que les bateaux transportant les soldats vogueront vers la mère-patrie (L2)
On estime que 762 soldats se sont établis en Nouvelle-France, entre 1668 et 1671, soit 20 % de la population (L1), ce qui a eu comme résultat d’amplifier un problème grave: le manque de filles à marier, tel que le confirment les données du recensement de 1666.

Ainsi, pour 719 célibataires masculins âgés de 16 à 40 ans, il n’y avait que 45 filles célibataires du même âge. Alors si on ajoute quelque 760 militaires tous célibataires, le problème devient difficilement tolérable…


Qu’en est-il du soldat Siméon Leroy dit Haudry…

Siméon haudry de son nom de guerre décide de rester
Comme on le sait, Siméon a décidé de rester en Nouvelle-France. Un document provenant du « Fonds des Colonies » et déposé à Bibliothèque et Archives Canada (B1)nous le confirme de façon on ne peut plus explicite. L’intitulé de ce document se lit comme suit: « Rolle des soldats du Régiment de Carignan-Salière qui se sont faits habitans de Canada en 1668 ». Pour chacune des compagnies du régiment Carignan-Salière, de même que des quatre compagnies du Sieur de Berthier, on y retrouve la liste des noms de soldats qui ont décidé de s’établir en Nouvelle-France plutôt que de retourner outre-Atlantique.


Les filles du Roy

En 1661, le roi Louis XIV décide d’assurer lui-même la gestion de la Nouvelle-France et en fait une province de France à part entière. Conséquemment, on assiste à la disparition des « Compagnies » dont le rôle était de peupler la colonie en échange du monopole du commerce de la fourrure, mais le commerce de la fourrure avait toujours eu priorité sur le peuplement.
 
Parmi la population déjà peu nombreuse, le nombre de filles à marier était restreint et loin d’être suffisant pour permettre aux célibataires de trouver une épouse. Avec l’ajout des soldats ayant décidé de rester en Nouvelle-France, le problème n’en est devenu que plus épineux. 

Une solution, qui fut envisagée mais qui ne fut pas retenue, était de laisser les Français de la Nouvelle-France contracter mariage avec des filles autochtones. C’est ainsi que Louis XIV, devenu gestionnaire de La Nouvelle-France, décida plutôt de favoriser l’immigration des filles du roy.

Le premier contingent de filles du roy arriva en Nouvelle-France en 1663 et le dernier en 1674. Le nombre total de filles du roy qui firent la traversée vers la Nouvelle-France est estimé à 774 filles. Dix ans plus tard, elles avaient fait tripler la population. (L2)

La Salpètrière aujourd'hui (Wikipedia)
Le trésor royal, i.e. le roy, s’engageait à contribuer aux frais de voyage et d’établissement en Nouvelle-France des filles du roy. D’autre part, ce sont des embaucheurs, des armateurs et des marchands qui avaient pour tâche de les recruter. Beaucoup d’entre elles provenaient de « La Salpêtrière », un hôpital de Paris, qui accueillait entre autres des orphelines à qui on montrait « à lire, à tricoter, à faire de la lingerie, de la broderie et de la dentelle. Les filles recevaient également un solide enseignement religieux » (D). Une part importante des filles du roy qui arrivèrent en Nouvelle-France provenaient de la Salpêtrière.

Une fois recrutées, les filles étaient dirigées vers un port de mer, Dieppe ou La Rochelle, d’où elles s’embarquaient dans un navire à destination de la Nouvelle-France. Chaque contingent de filles était sous la direction d’une femme chargée d’appliquer une discipline rigoureuse pendant une traversée qui durait de deux à trois mois, dans des vaisseaux peu confortables et en contact avec divers passagers dont des matelots, des engagés ou des soldats. À leur arrivée à Québec, les filles étaient placées chez des familles respectables, aux frais du trésor royal, jusqu’à ce qu’elles trouvent mari.


Le contingent de 1668

Une flûte (Wikipedia)
C’est à bord du « Nouvelle France » que 75 filles du roy firent la traversée pour débarquer à Québec en juillet 1668. Le Nouvelle France était un vaisseau de 250 tonneaux, probablement une flûte (B).

L’âge moyen de ces 75 filles était de 22,2 ans, la plus jeune était âgée de 12 ans, alors que l’aînée avait 39 ans. La majorité des filles, soit 42, étaient âgées entre 16 et 24 ans. Vingt-cinq d’entre elles originaient de la province de l’Île-de-France où était située la Salpêtrière et treize de la Normandie. La majorité (44 sur 75) étaient orphelines de père ou de mère, ou des deux. (Compilation des données de D)

C’était le cas entre autres des sœurs Deschalets, Claude, Madeleine et Élisabeth, toutes trois orphelines de père et de mère et ayant séjourné, selon toute vraisemblance, à la Salpêtrière. Ces femmes joueront un rôle important dans la vie de Siméon. Il épousera Claude alors que Madeleine et son mari deviendront les tuteurs de l’un des fils de Siméon, de qui descendront tous les Audy du Québec.


Des filles convoîtées

Dès leur arrivée à Québec, la plupart des filles du roy trouvèrent à se marier dans les mois qui ont suivi. Ainsi, en 1668, cinq mois après leur arrivée, 61 filles avaient déjà trouvé à se marier, alors que 10 autres se marièrent en 1669. 

La consultation des registres de l’année 1668 de la paroisse Notre-Dame de Québec nous fournissent des informations intéressantes sur trois mariages. 

Ce fut tout d’abord le mariage, le 27 août 1668, d’un certain Michel Riffaut avec Françoise Leclerc, une fille du roy.

Le 3 septembre 1668, les cloches de l’église Notre-Dame de Québec ont sonné à deux reprises, puisque Henri de Bernières, prêtre officiant y a alors célébré deux mariages, l’un à la suite de l’autre.


D’abord, Siméon Leroy, agé de 31 ans, épousa Claude Deschalets, agée de 23 ans. Finalement, les cloches sonnèrent une troisième fois pour le mariage de la sœur de Claude, Madeleine, 21 ans, qui épousa Jean Giron, un tailleurs d’habit, déjà présent en Nouvelle-France d’après le recensement de 1666 (L3). 
Plusieurs faits intéressants se dégagent de ces trois mariages. Tout d’abord, on a la confirmation dans les actes que les sœurs Deschalets étaient effectivement orphelines de père et de mère. D’autre part, dans le cas des deux sœurs Deschalets, elles ont toutes deux bénéficié d’une dispense de publication de deux des trois bans habituels (La publication des bans habituellement faite du haut de la chaire à l’église pendant trois dimanches d’affilée est une procédure ayant pour utilité de rendre publique l'imminence d'un mariage, et ainsi de veiller à ce que personne ne s’y oppose.). 

Finalement, les noms des témoins à ces mariages sont également intéressants à plusieurs points de vue. Ainsi, au premier mariage de la matinée, soit celui de Michel Riffaud et de Françoise Leclerc, on retrouve comme témoins les futurs mariés des deux prochains mariages, à savoir, Siméon et Jean Giron. Les témoins au mariage de Siméon furent le nouveau marié Michel Riffaut et un certain Pierre Chamarre qui avait épousé en 1665 une fille du roi, Florimonde Rableau et qui demeurait à Notre-Dame des Anges. On retrouvera le même Pierre Chamarre comme l’un des témoins au mariage de Madeleine et de Jean Giron. Ces personnes joueront, comme nous le verrons plus tard des rôles importants dans l’histoire de Siméon.

Siméon et son beau-frère Jean Giron se retrouveront de nouveau à l’église Notre-Dame de Québec, deux mois plus tard, le 26 novembre 1668, cette fois comme témoins au mariage de leur belle-sœur, Élisabeth qui épousera François Paris.

Annexe 1 Mariage de Siméon Le roy et de Claude des Chalets


     Le troisiesme jour du mois de septembre de l’an gbj (16--) soixante huit 
     Après les fiançailles et la publication d’un ban de Mariage d’entre
     Simeon le Roy, fils de Richard le Roy et de Gilette Jacquet
     ses père et Mere de la Paroisse de Créance Evesché de Cavances
     en Normandie d’une part; Et Claude des Chalets fille de deffunts
     françois d’Eschalets et de Jacquette Chevallereau ses pere et Mere
     dela paroisse de Nostre Dame defontenay leCompte Evesché de
     Mailzais d’autre part; Monseigre L’Esvesque leur ayant donné
     dispense de deux bans, et ne s’estant découvert aucun empeschement 
     legitime, Je Sousigné Curé de cette Paroisse les ay mariés et leur
     ay donné la Bénediction Nuptiale selon la forme prescrite par
     la Ste Eglise, en presence des tesmoins connus, Pierre Chamar
     Michel Riffaut, François Charlet &ce 
                                          H. DeBernieres.

Références

Archives Nationales du Canada, 1994. Guide Thématique des Sources Manuscrites aux Archives nationales du Canada ayant trait au régiment de Carignan-Salières. Lettre du ministre Colbert à Talon. Page 22. Disponible à http://data2.archives.ca/pdf/pdf001/p000000501.pdf  (A).

Bibliothèque et Archives Canada, Fonds des Colonies, Rôle des soldats du régiment Carignan-Salières qui se sont faits habitants de Canada en 1668. Microfilm de l’original, bobine no. F-582, Cote MG1-D2C. (B1)

Bosher, J.F., 1992. Négociants et Navires du commerce avec le Canada, Environnement Canada, Service des Parcs. Disponible à http://www.ourroots.ca/f/toc.aspx?id=4750 (B2)

Dumas, Silvio, 1972. Les filles du roi en Nouvelle-France – Étude historique avec répertoire biographique. Cahiers d’Histoire No 24. La Société Historique de Québec. (D).

Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois, 1969. Canada - Québec - Synthèse historique. Éditions du Renouveau Pédagogique Inc., Montréal. (L1)

Lacoursière, Jacques, 1995. Histoire populaire du Québec – Des origines à 1791. Édition du Septentrion, Sillery. (L2)

Lafontaine, André, 1985. Recensements annotés de la Nouvelle-France 1666 & 1667. Sherbrooke, 1985, 415 p. (L3)